Les enfants : avenir de la France et de l’Église !…

Cette simple constatation, relevant du bon sens, nous investit d’une mission, celle de veiller à la noble tâche de leur formation, au sens profond du terme. Il est donc nécessaire, et plus que jamais, que des laïcs s’y attellent, et que des prêtres y collaborent.

Plus que jamais, car, nous ne pouvons l’ignorer, la formation actuelle des jeunes suscite une vraie inquiétude. En effet, sans pour autant jeter le discrédit sur tous les établissements -ce qui serait fort injuste pour ceux où des enseignants courageux, et souvent seuls, luttent pour y remédier- force est de constater que l’enseignement dispensé dans de nombreux collèges et lycées a clairement perdu en qualité, au point que des voix autorisées n’hésitent pas à parler d’un réel effondrement. Et que dire de la pauvreté de certains apprentissages, alors même que la langue française regorge de trésors qui passent les siècles sans prendre une ride : Racine, Molière, La Fontaine … et, plus récemment, Claudel, Péguy… Comment pourrions-nous le nier, le niveau du baccalauréat ne cesse de baisser, il ne saurait pas même rivaliser, loin s’en faut, avec celui du certificat d’études de nos anciens. Il n’est qu’à lire les lettres poignantes envoyées à leurs parents par des jeunes gens de 18 ans se battant sur le front en 1914 :  l’élégance de la langue y rivalise avec la hauteur d’âme et les plus hautes pensées. C’étaient des hommes réellement « construits », chez qui la formation de l’intelligence, portant au vrai et au beau, irradiait celle de la personne tout entière, corps et âme. Comment ce simple constat n’inquiéterait-il pas les parents ?

C’est pour répondre à cette légitime inquiétude que nos communautés se sont donné cette nouvelle mission : mettre à la disposition de nos paroissiens des écoles leur offrant toutes les ressources nécessaires pour que leurs enfants y soient formés, au sens plénier du terme.

Aussi le but que poursuivent nos écoles tient-il en un mot : Veritas ! Apporter la vérité aux intelligences qui nous sont confiées. Car saint Jean l’a dit : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Et ne nous y trompons pas, il s’agit là de la vraie liberté, non pas celle qui consisterait à choisir entre la vertu et le péché. Car le péché, lui, ne peut que nous enchaîner, il nous rend esclaves. Bien au contraire la vertu nous libère, elle nous donne de la hauteur et permet, seule, un véritable choix, qui est alors un choix entre … deux biens : voilà la vraie liberté ! Elle fait de nous des hommes libres !

Quel sera donc le rôle de l’aumônier dans un collège ? Tout d’abord, par sa simple présence, le prêtre rappelle à tous que nous sommes sur terre pour aller au Ciel. C’est ce que saint Jean-Baptiste de la Salle disait aux Frères des Écoles Chrétiennes : « Ne rien envisager que par les yeux de la foi ; ne rien faire que dans la vue de Dieu. »  Et il poursuivait : « Votre foi doit être pour vous une lumière qui vous guide partout et une lumière ardente pour ceux que vous instruisez, pour les conduire dans la voie du Ciel. »

Ainsi, il est bon que le prêtre passe du temps avec les enfants, au catéchisme, dans le scoutisme, mais aussi à l’école. L’école est le lieu où le jeune découvre le prêtre non pas comme un être lointain, inaccessible, quasi-sacré, mais comme un être « en chair et en os », qui lui est familier, car il prend part à sa vie, sait taper dans un ballon à la récréation, rire avec tous.

En ce sens, il est souhaitable pour l’enfant, pour l’image qu’il se fera du prêtre, que ses parents invitent des prêtres chez lui, dans sa famille. Et qu’y soit appliquée au quotidien la devise donnée par saint Jean Bosco : « Un prêtre, on en parle en bien, ou on n’en parle pas du tout ». Cette devise, pour exigeante qu’elle soit, devient un rempart pour l’enfant. De même, à une époque où les médias étalent les scandales d’hommes consacrés, n’oublions pas que seule une toute petite minorité d’entre eux est concernée. Ainsi, le secrétaire adjoint de la conférence des évêques de France demandait-il, il y a deux ans, aux prêtres du district de France de la Fraternité Saint-Pierre : « D’après vous combien de prêtres sont en prison pour ces faits depuis 2000, en 20 ans ? Beaucoup ? » La réponse fut : « … 10 prêtres ». Alors, certes, ce sont 10 prêtres de trop, mais sur 13 000 cela représente une toute petite minorité. Il est bon de le rappeler à nos jeunes à l’heure où le tapage médiatique peut fausser leur jugement et altérer l’image du prêtre.

De façon plus concrète, dans l’école ou le collège, la seule présence du prêtre suscite chez les jeunes de nombreuses questions, qui jaillissent spontanément. Ainsi le fait de voir le prêtre réciter son bréviaire tous les jours devant eux les fait réfléchir : « Combien de temps cela vous prend-il ? Avez-vous le choix de ce que vous récitez ? » Ou bien lorsqu’ils le voient célébrer une messe privée, sans assistance des fidèles : « Combien de temps mettez-vous ? Dîtes-vous toutes les paroles ? ». Ce sera pour le prêtre l’occasion d’un petit temps de catéchisme. Et s’il récite ses prières pieusement, ce sera un bel exemple.

Mais alors que dire de l’effet des sacrements que les aumôniers dispensent aux enfants dans le cadre de l’école ? Les résultats sont incalculables et seul le bon Dieu nous dira les bienfaits reçus. Nous laissons nos enfants se confesser, s’ils le veulent, une fois par semaine. Ils acquièrent l’habitude qui leur restera toute la vie. Cette soif des choses de Dieu, soif d’une vie spirituelle réelle, permettra aux enfants de faire l’unité dans leur vie : le goût du travail bien fait, l’amour de Dieu dans les sacrements, la joie de rendre service, l’ardeur dans les difficultés… afin de faire d’eux des pères et des mères de famille solides et pourquoi pas, si Dieu les appelle, les futurs prêtres dont l’Église a tant besoin.

Abbé Guillaume Loddé
Aumônier du collège Saint-Fort de Bordeaux