Édito de l’abbé Benoît Paul-Joseph, supérieur du District de France

L’offertoire : participer au sacrifice du Christ

Une des richesses de la forme traditionnelle de la messe romaine est assurément le rite de l’offertoire où, à travers une succession de prières, les fidèles sont invités à s’unir au sacrifice du Christ, « pour leurs offenses et négligences sans nombre », mais aussi pour y déposer toute leur vie, leurs intentions, leurs inquiétudes et leurs souffrances. Par le baptême, l’homme est rendu participant du sacerdoce du Christ et peut désormais prendre part à son sacrifice à l’échelle de sa propre vie. Il s’agit d’un vrai pouvoir, conféré par le caractère baptismal, lequel ouvre l’âme aux bienfaits de Dieu et donne à l’homme la capacité de participer à la Rédemption en « complétant en sa chair ce qui manque aux souffrances du Christ » (Co 1,24). Or, l’offertoire est justement le temps liturgique où s’exprime rituellement cette immense dignité du baptisé : le sacrifice du Christ étant le sacrifice parfait, le seul à monter désormais de la terre vers le Ciel, il s’agit pour le chrétien de s’y insérer et d’y joindre sa propre offrande pour qu’elle soit portée au Père du Ciel per Dominum nostrum Jesum Christum. C’est, à vrai dire, le cœur de la participation active des fidèles à la messe et il est heureux que les antiques prières de l’offertoire expriment si justement cette grandeur du sacerdoce baptismal et, ce faisant, aident si efficacement les âmes chrétiennes à unir leur propre offrande à celle de Jésus-Christ. Car cette immense dignité du baptisé est également une immense responsabilité : l’homme est appelé à participer à son Salut, en agrégeant au seul sacrifice qui nous sauve – celui de Jésus-Christ – son propre sacrifice. Ainsi, lors de l’offertoire, les fidèles demandent-il à Dieu d’agréer, avec celui de son Fils unique, les sacrifices qu’eux-mêmes ont humblement déposés sur la patène du prêtre : « Que le Seigneur reçoive de vos mains le sacrifice, à la louange et à la gloire de son nom, et aussi pour notre bien et celui de toute sa sainte Église ».