Le samedi 28 mai 2022, c’est dans la vaste église paroissiale de Lindenberg, à dix minutes du séminaire, que Monseigneur Bertram Meier, évêque du diocèse d’Augsbourg (diocèse où se trouve le séminaire de la Fraternité Saint-Pierre), a eu la bonté de conférer l’ordination diaconale à dix séminaristes.

Prostration des ordinands pendant la litanie des saints

Également diffusée sur le site internet du diocèse d’Augsbourg, voici la traduction française de l’homélie de Monseigneur Meier.

Chers candidats au diaconat,

chers confrères dans le ministère ecclésiastique,

chers parents et amis,

chers frères et sœurs dans le Seigneur !

Nous célébrons une heure solennelle. Par l’imposition des mains et la prière, le Seigneur lui-même va conférer le Saint-Esprit aux candidats et les ordonner diacres. Je félicite chaleureusement chacun des candidats au diaconat  ainsi que toute la communauté du séminaire Saint-Pierre, avec à sa tête son recteur l’abbé Vincent Ribeton. J’adresse un salut particulier au supérieur de district, l’abbé Stefan Dreher, qui est un vrai Allgäuer, ne serait-ce que par sa bonne maîtrise du dialecte local. Je me réjouis également que le curé de Lindenberg nous ait ouvert les portes de son imposante église St Pierre et Paul : il vous l’a ouverte à vous, chers candidats à l’ordination, qui êtes au nombre de dix, et aussi à moi, évêque d’Augsbourg. Si je ne suis pas (encore) tout à fait sûr de moi dans la célébration selon le Pontificale Romanum en vigueur en 1961-62, je vous prie d’excuser ma faiblesse. Nous sommes tous liés par la grande préoccupation qui inspirait saint Ignace de Loyola : Omnia ad maiorem Dei gloriam. Tout pour la plus grande gloire de Dieu.

Le fait que l’évêque local d’Augsbourg confère aujourd’hui l’ordination diaconale est aussi un signe de notre communion intérieure, qui nous unit affectivement et effectivement : entre nous et avec le successeur de Pierre, le pape François. Dès son élection, la Maison générale de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre a félicité le pape François le 14 mars 2013 : « La Fraternité assure le Pape de sa prière constante pour le ministère important qui est désormais le sien. Depuis sa fondation, un lien particulier unit la Fraternité au Saint-Père, successeur de saint Pierre, prince des apôtres : ‘Il est vraiment le vicaire du Christ, le chef de toute l’Église, le père et le docteur de tous les chrétiens’ (Concile Vatican I, Constitution dogmatique Pastor Aeternus) ».  Une telle félicitation adressée au pape en des termes aussi chaleureux me réjouit.

Nous pouvons continuer à construire sur de telles fondations. Je remercie le Seigneur pour l’harmonie qui règne à Wigratzbad et aussi dans les lieux du diocèse d’Augsbourg où des membres de votre Fraternité exercent un apostolat riche en grâces. Le lien de notre unité est Jésus-Christ, qui nous a appelés à son service. C’est pourquoi, chers candidats, ce jour est une occasion de joie et d’espérance pour votre communauté, pour vos pays d’origine, pour notre diocèse et pour toute l’Église. Un message fort doit retentir depuis cet Autel de votre ordination : cette célébration est un témoignage de l’unité et de la catholicité dont Pierre, à travers la figure de ses successeurs, est le premier garant. Dans le cadre de cette célébration, l’Église fait l’expérience réconfortante de voir croître sa propre vitalité et la richesse de ses dons spirituels.

L’Église sent sa fidélité se renforcer et sa capacité à servir se répandre. Les diacres doivent en effet être des maîtres dans la diaconie, dans le service. « Les diacres », enseigne saint Polycarpe de Smyrne, « sont les serviteurs de Dieu et du Christ et ne servent pas d’abord les hommes : on ne trouve en eux ni calomnie, ni fausseté, ni attachement aux richesses. Qu’ils soient chastes et compatissants à tous égards, zélés dans leur service selon la vérité du Seigneur, qui s’est fait volontairement le serviteur de tous » (Ad Philipp., v.2).

On accuse souvent les clercs d’être ambitieux et envieux. On en vient vite à soupçonner le cléricalisme. Si l’on veut parler de l’ambition du chrétien, surtout d’un candidat à l’ordination, celle-ci ne peut être que l’aspiration à pouvoir servir les autres. Cela est d’autant plus vrai qu’au sommet de l’échelle ecclésiastique, de la hiérarchie, se trouve celui qui se considère comme « Servus Servorum », le serviteur des serviteurs de Dieu. Cela signifie que le pape, un évêque est et reste diacre – toute sa vie.  Aussi élevée que soit la fonction, le service est son ADN.

Comme vous le savez peut-être, la première partie de ma devise est : Vox Verbi – Je veux être la voix du Verbe. C’est une allusion au docteur de l’Église Aurelius Augustinus. Aussi bien dans le rite ordinaire que dans cette célébration, le livre des évangiles est remis aux diacres nouvellement ordonnés. « Accipe Evangelium Christi, cuius praeco effectus es », dit la forme ordinaire. Et aujourd’hui, nous entendons : « Accipe potestatem legendi Evangelium in Ecclesia Dei, tam pro vivis, quam pro defunctis ». La mission est la même : Reçois l’Évangile du Christ !

Il revient au diacre de proclamer l’Évangile : La parole de Dieu, pas la sienne. Jésus-Christ, la Parole de Dieu incarnée, passe pour ainsi dire « sacramentellement » sur les lèvres du diacre ordonné qui la proclame. La parole de Dieu a la plus grande force ! Elle bouscule la fausse paix de la conscience endormie ; comme une épée acérée, elle tranche dans l’ambiguïté et la demi-mesure. Elle a la force de toucher même les cœurs endurcis : « La parole de Dieu est vivante et efficace, plus incisive qu’une épée à deux tranchants » (He 4,12).

C’est à cette parole de Dieu que vous êtes tenus, chers futurs diacres, dans votre ministère. La parole de Dieu ne s’oppose pas au sacrement, mais les deux – parole et sacrement – se rejoignent en Jésus-Christ, la parole personnifiée. Cette Parole est exigeante. Nous ne devons pas la déformer pour flatter les oreilles des auditeurs. Nous ne devons pas non plus la raccourcir, l’édulcorer ou la relativiser. C’est notre critère : la parole de Dieu dans la parole des hommes.

Chers candidats au diaconat, la parole de Dieu ne se laisse pas dompter. Elle ne se laisse pas réduire à nos critères humains, souvent plus confortables. Nous devons croire en Dieu afin de pouvoir aider ceux qui nous sont confiés à atteindre la mesure que sa Parole nous donne. N’ayez pas peur de vous soumettre à la Parole de Dieu ! Vous n’en serez pas plus pauvres, mais plus riches. Saint Jean-Baptiste, un prototype de diacre, résume bien la situation : « Il faut qu’Il grandisse, et que je diminue ». (Jn 3,30) C’est de cela qu’il s’agit : Toujours moins de ma personne et toujours plus de celle de Jésus-Christ. Amen.

Source pour la version allemande : site internet du diocèse d’Augsbourg.

Suite du reportage photos sur le blog du séminaire.